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Le marais maritime de la Rivière Saint-Vincent (helodrano Andefitra, environ 3 500 ha) est sans aucun doute l'un des  plus intéressants de Madagascar. A ce titre, il mérite impérativement d'être classé en aire protégée, bien davantage que n'importe quelle autre mangrove de Madagascar.

Le marais se présente en effet comme une vaste baie en majeure partie colmatée et bordée par des dunes grésifiées ou des épandages sableux. Nul fleuve n'aboutit dans cette baie, ce qui suscite bien des interrogations à propos de la provenance de l'énorme masse des sédiments l'ennoyant; on peut supposer qu'une partie est venue du Mangoky et que le reste résulte de l'action du vent et du ruissellement sur les dunes grésifiées, ce qui semble attesté par une forte teneur des sols en carbonates.

La mangrove ne présente aucune originalité par rapport à celle du marais maritime voisin de Tsingilofilo : s'y affirme la prédominance de grands peuplements de Rhizophora mucronata bas et assez uniforme, autrefois exploités pour le tanin (chapitre 16). On peut y distinguer un ensemble septentrional, situé entre l'île d'Anolotano et le village d'Antaniloba, d'un ensemble sud-occidental plus petit entre l'extrémité méridionale de cette île et le cap Saint-Vincent. C'est la Rivière Saint-Vincent, grande crique formée par deux chenaux de marées anastomosés, qui constitue le trait d'union entre les deux ensembles. Autour du rétrécissement qui correspond à sa partie centrale, passé un rideau de Rhizophoracées atteignant par endroit 6 à 8 mètres de haut, les palétuviers, des Avicennia, se clairsèment rapidement.

 

MAD Tsingilofilo JML

Croquis : Les marais maritimes  de la Rivière Saint-Vincent et de Tsingilofilo   

MAD Tsigilo JML 1986 13

Travail de terrain à la Rivière Saint-Vincent

MAD StVincent JML 1988

Un aspect du marais : mosaïque de tannes vifs et de tannes à Arthrocnemum indicum

 

Derrière la mangrove et en son sein sous forme d'aréoles, un tanne vif, que des contours irréguliers rendent difficiles à définir, constitue une transition plus ou moins étendue avec le tanne herbeux. Nous arrivons là à l'essentiel, car c'est le tanne herbeux qui donne son indéniable personnalité au marais maritime de la Rivière-Saint-Vincent. On peut différencier plusieurs faciès de ce qu'il convient d'appeler tanne herbeux mais que l'on pourrait également qualifier de savane à palétuviers tant le paysage échappe aux classifications établies. 

Le faciès à Sclerodactylon paschystachya et à boqueteaux d'Avicennia est un des plus intéressants. Vers le centre du marais (lieux-dits Karabe et Ankilibe sur la carte) on découvre de grandes surfaces couvertes soit de "danga" (Sclerodactylon paschystachya, une Poacée endémique), soit encore d'Arthrocnemum indicum et de Salsola littoralis, plus rarement de Sporobolus. Les bosquets d'Avicennia marina qui ponctuent la plaine herbeuse, correspondent à de petites cuvettes situées environ un mètre en dessous de la surface principale. Le dessin grossièrement linéaire de  la plupart de ces cuvettes laisse penser qu'il s'agit d'anciens chenaux dont une partie du cours a été obstruée par des dépôts. Au S.-E. du marais deux mares permanentes sont également bordées d'Avicennia marina; nous y avons observé lors d'un passage de flamants roses et de dendrocygnes (Dendrocygnus bicolor et D. viduata).

 

Extrait de : Lebigre, J.M., 1990.- Les marais maritimes du Gabon et de Madagascar, contribution géographique à  l'étude d'un milieu naturel tropical. Université de Bordeaux 3, thèse de doctorat d'Etat, 3 livres : chapitre 9.

Tag(s) : #Madagascar
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