Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les mangroves de la Mondah offrent à l'observation un phénomène qui ne semble pas avoir été signalé ailleurs [sauf en Papouasie où cela a été attribué à la foudre (sic)] : l'existence de petits ensembles de palétuviers dont le limite, très nette, a un contour  circulaire (photos 32 et 33). Par commodité nous avons appelé ces ensembles structures circulaires. Ces structures circulaires couvrent deux zones correspondant à la pointe Busimba (fig. 67) et à la confluence de la Kam et de la N'Tsini.

GAB 1981 JML Mondah 20R

GAB 1981 JMLeb Mondah 19R

GAB 1981 JML Mondah 16R

 

        a. Description des structures circulaires

Les structures circulaires ont un diamètre de 10 à 120 mètres. Les palétuviers qui les forment sont généralement de petite taille (2 à 3 m). Ils sont presque toujours de taille inférieure à ceux qui constituent la formation encaissante ou celle de la proximité des chenaux (photo 34). Dans le cas contraire les palétuviers de la structure circulaire sont affectés par un mitage révélateur des peuplements vieillissants mal régénérés. C'est Rhizophora harrisonii qui dans tous les cas observés apparaît d'une manière monospécifique au sein des structures circulaires. Autour prédomine  R. racemosa associé à quelques R. harrisonii.

Alors que la taille des R. harrisonii de la structure circulaire est très homogène (2 m environ, parfois 3 m), sur le pourtour ces palétuviers sont un tout petit peu plus hauts. A la périphérie on note une auréole de quelques mètres de large dépourvue de  palétuviers mais encombrée de nombreuses racines aériennes en arceaux provenant des Rhizophora de la formation encaissante. Ce secteur paraît être très légèrement déprimé (flaques résiduelles à marée basse). Cependant l'existence de cette auréole n'est pas générale. La formation encaissante est composée d'arbres de taille hétérogène comme tous les groupements de R. racemosa (de 5 à 10 m là où nous avons échantillonné).

L'analyse minéralogique des sols et les mesures de pH n'ont pas révélé d'anomalies (voir plus loin la description de la séquence). Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur les pH in situ sont voisins de 6,5 quelle que soit la profondeur. Après séchage à l'air libre, les échantillons prélevés à 90-100 cm s'acidifient fortement (pH entre 2,1 et 3,4) ceux de surface un peu moins. Cela est en fait tout à fait semblable à ce que l'on trouve ailleurs sous Rhizophora, de même que l'aspect très fibreux (radicelles) de ces sols.    

        b. Les structures circulaires dans la zonation

On trouve quelques structures circulaires dans les zones moyennes et amont mais elles sont rares et mal dessinées même si les caractères généraux restent identiques. En fait la quasi-totalité des structures circulaires s'observe, comme nous l'avons vu, en deux endroits précis. La pointe Busimba est dissymétrique : sa partie orientale paraît appartenir aux zones frontales; sa partie occidentale en revanche forme une zone nettement définie par les structures circulaires.


On peut émettre de multiples hypothèses sur l'origine de structures circulaires. Elles pourraient tout d'abord (c'est la première idée qui vient généralement à l'esprit) correspondre à des dolines, mais leur absence totale d'organisation rend cette idée peu crédible. On peut également concevoir qu'elles correspondent à des concentrations de minéraux ou à des imprégnations d'eau de source dans le sol. Mais les analyses montrent le contraire. Par ailleurs F. Blasco nous a suggéré que le phénomène pourrait être dû à Armillaria (les armillaires sont des champignons parasites qui attaquent les arbres en formant des nécroses circulaires au sein de certaines forêts), ce que nous n'avons pas pu vérifier. A ces hypothèses mal étayées nous préférons celle d'une succession évolutive particulière de la mangrove.

 

Extrait de : Lebigre, J.M., 1990.- Les marais maritimes du Gabon et de Madagascar, contribution géographique à  l'étude d'un milieu naturel tropical. Université de Bordeaux 3, thèse de doctorat d'Etat, 3 livres, 194 fig., 94 ph. 

Tag(s) : #Sujets de réflexion, #Gabon, #Flore et faune
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :